L’Architecture, aujourd’hui plus que jamais, doit revendiquer sa dimension culturelle. C’est en adhérant aux sens que cette dimension implique, que nous avons défini une attitude propre à nos travaux de conception et de mise en œuvre sur la transformation de l’espace et de la matière, à travers la notion d’habiter et la connaissance de ses valeurs d’usage. Cette recherche patiente et partagée s’effectue sans exhaustivité à travers trois larges contextes d’intervention :
Tout d’abord, celle-ci se porte sur la relation au paysage : espaces agricoles ou forestiers, mais aussi coulées autoroutières, où l’idée de paysage construit, par concentration ou dissémination des masses bâties, se confronte soit à l’immuabilité des cycles naturels, soit au mouvement et à la vitesse des déplacements.
En second lieu, nos travaux nous conduisent à nous inscrire dans des paysages péri-urbains. Au-delà de l’implantation la plus pertinente dans ces territoires déstructurés, l’intériorité forcée de ces situations nous pousse à retravailler sur le vocabulaire et la syntaxe de l’objet architectural, sur des variations et déclinaisons typologiques liées au travail programmatique concernant les édifices publics.
Enfin, notre travail s’ouvre sur la ville, son découpage et ses imbrications. Cette recherche se porte donc davantage sur les opportunités spatiales que suggèrent le contexte et l’urbanité, et sur les sutures et stratifications à effectuer. Ce travail favorise un sentiment d’identité plus communautaire, plus concentré sur le rapprochement des objets architecturaux et sur la subordination de l’édifice à l’espace public. Il permet la production d’ensembles structurés par des éléments en tension qualifiant l’espace, plutôt que des ensembles produisant de la forme, aussi bien dans le domaine des institutions que dans celui de l’habitat.
Si nous avons un devoir de mémoire, nous avons aussi l’obligation d’inventer, du moins de ré-interpréter. De nouvelles typologies doivent voir le jour, en parallèle avec les évolutions de la société : nouveaux modes d’habiter, nouvelles contraintes de notre cadre de vie, nouvelles possibilités constructives. Nous croyons que les acquis de cette modernité née avec le 20ème siècle ne peuvent que favoriser cette nouvelle solidarité avec le contexte, et que la multiplication des échelles de complexité s’accorde avec notre éthique de transformateurs de l’espace, de professionnels attentifs à la mise en œuvre du bâti, et avec la condition d’usager éternelle de lieux constitués.